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Côté Tranche

8 octobre 2007

Numéro 1

« J’étais un peu paniquée, je savais qu’il attendait des aveux que je n’étais pas prête à lui faire. Je savais bien que de son côté il ne serait jamais prêt à les entendre. Et, par peur de voir mon monde se révolutionner, je décidai de ne rien dire, rien du tout, pas même un soupçon de vérité. A vrai dire je ne mentais pas en gardant tout ça pour moi. J’occultais juste les faits les plus évidents. N’importe quel être normalement constitué l’aurait déduit en m’observant ne serait-ce que cinq minutes. Mais tant que je ne posais pas de mots sur mes sentiments, je restais cet être asexué qu’il voulait tant que je sois, pour conserver la pureté de notre entente. »

« Un peu long ! »

« Ah merde, tu es sûr ? »

« Oui j’ai décroché à tout ça pour moi »

« Mais si je dis asexué dès le début je résume trop la pensée »

« Oui je sais, mais les gens sont bêtes. »

« Ou alors c’est toi le gros débile qui ne me laisse pas dire ma tirade comme je le voudrais juste parce que tu essayes de te mettre à la place d’un homme. »

« Je suis un homme. »

« Oui, pas la peine de t’en venter »

« Quelqu’un d’autre veut essayer de lire son monologue amoureux avant de passer à la répétition générale ? »

« Je veux bien ».

Eh là, je regrettais déjà d’avoir prononcé ces trois mots, je ne voulais pas bien, je voulais à la folie, il allait entendre ces mots sans se reconnaitre, je jubilais et j’étais morte de peur. Tout mon sang monta à mes joues, je tremblais, je ne pouvais plus me concentrer. Alors je le regardai droit dans le coin des yeux et je me lançai, une bonne fois pour toute :

« Je t’aime en toute amitié, en tout bien tout honneur mais plus en honneur qu’en bien. Je T’aime en toute amitié mais lorsque je vois cet océan entre nous, j’ai presqu’envie de m’y noyer pour parvenir à t’oublier. J’ai envie aussi de le boire à la paille pour ramper jusqu’à toi. Et je dis ramper en pesant mes mots qui te sembleraient bien trop lourds de sens s’ils te parvenaient. Je dis ramper car l’état dans lequel je suis n’a plus rien de digne. Je t’aime en toute amitié et en rêves je passe ma main dans tes cheveux ; je pause ma tête sur ton épaule. Et je respire sereinement. Mais en cauchemar, tu me repousses, tu me remets à ma place ; dans les nuages, où je suffoque. »

« C’est assez convaincant, bien qu’un peu trop grandiloquant pour faire vrai mais c’est déjà mieux que Claudine et son côté asexué. »

« C’est trop grandiloquant ? Mais je t’emmerde »

Ce furent les derniers mots que mon professeur de théâtre entendit de ma part. En effet, sa bêtise me parut évidente à ce moment précis. Il ne me méritait pas. J’étais tombée amoureuse de lui il y a cinq ans, dès mon premier cours. Et maintenant, je commençais à ressentir les effets néfastes de cet amour non partagé sur mon couple. Romain devenait de plus en plus jaloux. Romain c’est mon petit ami comme on dit. Mais je l’aime juste bien, même pas en toute amitié, juste en toute sympathie, ou quelque chose du genre. Mais, je crois qu’il me mérite, alors tout va bien.

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